*
des chants étranges
dans le silence
modulent sans bruit
la mélodie de l’ombre
*
sans souffler mot
porter le calme universel
sans le cri des bêtes
puiser l’espoir au bord des rêves
sans la moindre lumière
piétiner l’impossible
*
je ne sais pas si dans la mer
expulsée du ventre bouillonnant de l’ultra-désir
un langage fluide
électrique
phosphorescent
ruisselle en vain
aux improbables frontières de l’incohérent
mais
un ouragan brise mon reflet
hante mes aurores
je respire des trop-tôt
vomis des trop-tard
de tristes nébuleuses glacent ma joie
et pour finir
j’écris ceci
*
puisque la vive lumière pleure et chante
puisque la seule vertu est impudique et brûlante
puisque sous les traits de la force pourrit l’épouvante
puisque les bouches pour hurler se mordent
tremblantes
je murmure mon cri
*
je suis étendu dans la rue vide
sous l’arbre doux
auprès du mystérieux plaisir de l’absence
je suis étendu sous l’utopie soumise
des embrassades impossibles
auprès du triomphe insolent de l’absence
je suis étendu dans un coin sombre
sur la terre froide
auprès d’une cité éteinte
l’absence
*
le cou tordu
les yeux pleins de désastres
des flammes de joie
au bord des lèvres
chassé des beaux soirs
des rires de lune
fantôme des désirs
qui passent en fuyant
entre la tempe et le genou
loin de tout
des sanglots de l’envergure
des sursauts du silence
de la lumière à ras de terre
à rebrousse-poil de l’élan
sans profondeur
sans douleur
je repousse les lendemains
*
les flots amers
la prolifération des murs
le battement rompu de l’aile
le masque absorbant de la mort
se partagent mon immobilité
*
les soupirs rebondis
simples chants du vide
brillent sans remords
impassible tendresse
démentes déchirures
persistance désemparée
de l’espace glacé
*
j’eusse préféré
l’enseigne négligée de ma nuit
l’inutile forteresse du non-sens
la foire corrompue de l’orgueil
à la voix solennelle et ambiguë de la vérité
soulevant imperceptiblement son masque
*
*
*