Pour moi écrire, c’est comme l’impensable étreinte de deux gouttes de pluie investies d’une énergie qui les embraserait dès que l’herbe aurait fait sauter les fusibles. Ce que vous voudrez, rugissements aux jupes étroites, ventilateurs liquéfiés de néon, chiens brûlants à sept branches, serpent de Mercure à plumes, silencieuse sagesse de la conscience primordiale désaccordée au son de mon malheur cosmique… Visage de la bonté humaine aussi forte que l’esclavage, exil scintillant d’une terrible douceur, c’est mon pays, le beau fleuve, la Place des Miracles, la quête archaïque de la substance transformante, source de vie, réunification de l’individu avec la terre maternelle, renaissance perpétuelle du démon spirituel et numineux, le trésor difficile à atteindre, obscure prima materia, céleste nature de la vivifiante quintessence.
Je m’enfonce au creux des mots, forgeant le verbe, le rongeant par le centre, indifférent au chaos qui m’entoure, aux innombrables aberrations qui font le bon sens, le sens unique, sans retour en arrière possible, sans issue. Malgré la peur panique qui m’envahit, comme chacun, lorsque quelque chose en moi s’est abîmé, je n’ignore pas que seule la désintégration sans appel des figures trompeuses que prennent ce « Moi » à mes propres yeux mettra à jour l’inaltérable, l’éternel tapi au fond de mon être, comme en chacun.
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