samedi 21 juin 2014

une tiède obscurité qui s’écoule

Le vent bouscule les vieux rideaux dentelés, jaunis par l’usure. Je fixe ma feuille. Sans résultat. Rien qui ait la force d’émerger du fin fond de moi pour s’y inscrire, simplement, comme si rien n’était. Tout est. Et moi, je n’y suis pas.

Une toute petite tache, presque imperceptible, au centre de la page que je croyais blanche, m’aspire.

Je baigne en une tiède obscurité; la douceur décantée de la lumière… Je suis sans début ni fin. Sans faim; sans dessein. La fraîcheur du non-être me rend à ma juste dimension, le temps. Le temps qui s’écoule; mon sang.

D’abord infime, la tache s’étale. Du noir que je lui supposais, sans pourtant avoir vraiment pu le voir, elle passe, en devenant toujours plus visible, au rouge; un rouge chaud, vibrant.

Les rideaux claquent presque sous la poussée devenue rageuse du vent. Je fixe ma feuille. J’y suis inscrit. En fragments écarlates. Du revers de la main, j’essuie la goutte qui me pend au nez. Maintenant j’y suis. Sang, dessin. Ma main barbouillée du temps qui s’écoule…

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