Il faut bien partir de quelque part
Alors voilà
J’étais perdu
Je n’avais pas la moindre idée
De l’endroit où je me trouvais
C’est idiot je sais bien
Mais je m’étais éloigné de la tente
À travers la forêt peuplée d’épinettes noires
Serrées les unes contre les autres
Jetant les fougères dans une nuit diurne incongrue
Je fonçais
Gravissant la pente comme un malade
Pressé de me trouver au plus vite un coin pour chier
Je suais harcelé par les brûlots
Mais j’en suis finalement venu à bout
En remontant mon pantalon il m’a semblé entendre
Parmi les grésillements
Les incessantes rengaines de je ne sais quel foutu piaf
Le souffle rauque d’une bête immonde
J’ai perdu la tête
Je me suis déchiré la peau
À fuir aveuglément le grondement qui gagnait pourtant
Peu à peu
Du terrain
La terreur me rendait fou
De plein fouet j’ai heurté un tronc
Plus un son
Que le rouge sang
Voilant mon regard
Que la douleur irradiante
Mon bras paralysé
Ma clavicule éclatée
Ruisselant
Effondré
Le ciel me narguait entre la ténébreuse masse des aiguilles
Il faut bien partir de quelque part
Alors voilà
Je suis perdu
Je sais bien
C’est idiot
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