En voilà un pour qui la vie est un point,
et pour qui l’âme n’a pas de tranches,
ni l’esprit de commencements.
(Antonin Artaud, Le Pèse-Nerfs)
Peu à peu, grâce à un exercice quotidien, je m’étais ramassé sur moi-même, non pas en une boule compacte, mais en flaques légères déposées ça et là, accueillant les miroitements aux infinies nuances qu’à vrai dire on soupçonne difficilement sans une métamorphose capable de les refléter. (Je fuyais les tapis comme la peste.)
Il fallut bien pourtant que je me ressaisisse; si des micassures m’habitaient sans relâche, je ne m’en évaporais pas moins sans discontinuer. On a beau rire, la vie sans en avoir l’air vous rétrécie un peu plus à la moindre inspiration. Je me regroupai donc les flaques en une seule, pour en faire un caillou tout juste assez gros pour torturer un foie, un caillou sans éclat sans doute, mais dur.
Et c’est ainsi que je vis mon appartement s’emplir progressivement de sable et qu’y apparurent bientôt d’autres cailloux. Un zéphyr tenace et laborieux entreprit la patiente intégration de mon immobilité première à un mouvement passionnant, je ne le nie pas, mais (il me faut bien l’admettre également) un mouvement qui par les plus subtils frottements m’amoindrissait à mesure que je devenais plus poli, voire brillant.
Il n’y avait qu’une chose à faire; je germai donc. Racines prises, je m’élevai de mon mieux. Mais, faut-il le dire, j’en suis toujours là, crevant les murs comme des bulles, ivre de ma démesure, ne trouvant plus bientôt que l’ozone à respirer…
C'est douloureux, non?
RépondreSupprimerau-delà de la douleur, il me semble (peut-être à la manière de tout accouchement, je ne saurais dire)... mais, en tout cas, sans en avoir l’air, aussi périlleux qu’exaltant! ;-)
SupprimerOui, l'accouchement me parait l'image juste!! Douloureux mais en même temps grisant, enivrant. On sort de soi, on se dépasse et on trouve des ressources spectaculaires! Périlleux et exaltant, hâte de voir "le bébé"qui va naître!!
Supprimer:-)