J’ai débuté par un texte que je désignais comme étant « autour de » Lie-Tseu. En fait, ce n’était pas qu’une façon de parler. Improvisateur avant tout, je me suis amusé à développer différents procédés (assez rudimentaires, j’en conviens) qui visent non seulement à « stimuler » la créativité, mais surtout à me surprendre moi-même, à m’extirper l’insondable en quelque sorte. (Rien de nouveau sous le soleil évidemment, l’adolescence de l’art dirons-nous….) Dans ce cas, il s’agit de bâtir un texte autour d’une citation, en usant de façon « automatiste » du vocabulaire de l’auteur cité, sans intention ou idée préconçue. Ça n’a donc que peu à voir avec le pastiche, ou toute forme de « à la manière de ». L’idée étant plutôt de s’imprégner d’un mode particulier d’expression de la pensée, de trouver en soi une voix qui y corresponde et de laisser le champ libre à cette voix. Histoire d’entendre ce qu’elle a à dire. La contrainte se limitant au vocabulaire, les relations entre les textes ainsi produits et les auteurs cités s’avèrent d’une grande élasticité et c’est ça aussi qui m’a paru intéressant : voir ce qui de moi arrivait encore à émerger…
Dans le cas de Lie-Tseu, comme le note judicieusement Mokhtar, ça a tout naturellement pris la forme d’une fable taoïste de mon cru (ce qui ne me serait certainement pas venu spontanément à l’esprit!). En voici un autre exemple, autour de Kandinsky cette fois (j'y ajoute une de mes encres qui, au départ, n'avait rien à voir avec le texte mais qui, aujourd'hui, me paraît y coller tout à fait) :
L’obscurité
de l’esprit sert à désigner une force sombre, intérieurement nécessaire, la
nuit qui pèse sur les âmes.
« Alors,
immanquablement, un homme surgit, l’un de nous, en tout notre semblable, mais
qui possède une puissance de « vision » mystérieusement infuse en
lui. »
Kandinsky
Le
moindre objet verra sa résonance accrue. Par son mouvement propre, un visage,
un vêtement, un tableau, un arbre, une note, un incendie ou un autre spectacle
épuisera toute l’action possible de l’art.
toute
une vie
de
lumière
C'est un exercice ma foi terriblement édifiant. J'aime bien ouvrir des portes créatives moi aussi. J'aime la discussion avec le maître, parfois je demande conseil à un tel, ou un autre, dans mon coco, et j'ai l'impression que j'entends ces braves hommes répondre. Mais bon, ce n'est pas tout à fait la même chose, — bref, bravo, j'aime l'idée d'une porte qui s'ouvre, de l'heureux masque qu'on peut porter, dont les lèvres sont prolifiques.
RépondreSupprimerOui! cette puissance de vision... En nous, en chacun de nous, mais si difficile à atteindre parfois...
RépondreSupprimerMagnifique. Les mots et le travail pictural. Symbiose effectivement. Ça me donne le goût de dériver ses mots. Merci.
RépondreSupprimerJ'ai cru un moment que c'était Darth Vader réfrénant sa respiration, flabergasté d'être enfin un peu mieux compris, mais m'rend compte que c'était plutôt ma gêne étouffée, comme à une première "date", dont il s'agissait, à attendre sur le paillasson que tu m'ouvres la porte sur tes univers.
RépondreSupprimerah tiens, salut à toi cher Makes'! :-)
RépondreSupprimerune bonne rigolade est toujours bienvenue par ici!