samedi 31 août 2013

Envoûtement céleste

En attendant Spinoza, je vous raconte ça comme ça pour rien, histoire de faire une pause, mais sans pub; alors voilà, j’étais bien assis sur ma galerie (mon balcon quoi), au soleil, le vent frais, bruissements délicieux, tout ça… Je tenais Rimbaud à la main (enfin vous voyez ce que je veux dire) et j’ai bien vu que je n’étais pas poète. Les gradations, les nuances infinies de bleu, les violets et les oranges au-dessus de ma tête… C’est fatal. Mon regard s’arrache aux mots – toujours ce même sentiment : l’univers sollicite ma dissolution pour célébrer son éclosion à travers mon épiphanie. Je sais bien, ça ne veut rien dire mais j’ai pas pu résister, pour le son… Non, je veux parler de l’infini qu’on ressent, pas celui qu’on pense (bon, pas la peine d’en faire la démonstration, je me doute bien qu’il suffit d’y penser assez longtemps pour conclure inévitablement que l’infini ressenti est un leurre – pour la pensée). Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire, mais il y a des moments d’adhésion viscérale où l’on atteint la pleine conscience des incessants appels de l’univers. Oui, il me semble bien que l’univers nous invite sans relâche à l’expansion par le démantèlement. Et j’en arrive à ne plus douter que c’est précisément la constance et l’intensité de notre résistance (par le degré de concentration de l’énergie atteint) qui détermine l’impact et la portée du seul développement possible : la dispersion de soi dans le tout. Mais bon, je dis sans doute tout ça jusse parce que chus trop feignasse pour lire et que ch’préfère avaler les mouches en regardant le ciel…

dimanche 25 août 2013

Comment je me suis retrouvé définitivement dehors

On m’avait appelé. Je me levai, me dirigeai à la suite d’un gros lard (nan, pas le même que l’autre fois, mais un genre de clone là quand même; ils les faisaient en série dans l’temps, éparpillés partout où tu te ramasses quand t’as pu trop une cenne), un gros lard (GL) dis-je donc, avec cernes sous les bras, que je suivis dans le dédale des cubicules. Le GL me dit de m’asseoir et disparaît. Côté décor, rien de palpitant. Les inévitables affiches défraîchies : sempiternels attributs du «boss», humour fumeux sur la cigarette avec, dans un coin, l’Égypte ou Tahiti aux couleurs délavées. GL revient. Tripote un tas de papiers (mais qu’est-ce qui peut bien, à mon sujet, occuper tant d’espace?) constituant mon « dossier ». GL semble perdu dans ses pensées. Le regard trottinant dans le lointain, il reste là, bouche entrouverte, gobant l’air épais en de pénibles inspirations. Je me racle d’abord discrètement la gorge. Rien. J’insiste. Toujours rien. Je toussote enfin jusqu’à m’époumoner pour de bon. L’œil éteint, la graisse inerte, il se jette enfin à l’eau.

– Alors, monsieur Bouffard, quel est votre problème?

Là, je dois dire qu’il me colle à ma chaise. Cloué net.

– Eh bien, heu… Vous m’avez convoqué et heu… Alors… je ne vois pas très bien…

– Pouvez-vous me dire, monsieur Bouffard, quelles sont, d’après vous, les raisons pour lesquelles vous ne trouvez pas de travail?

(Pas l’ombre du soupçon de la plus infinitésimale trace d’un reste de semblant quelconque de sourire ou d’humour stoïque, ben ben sérieux.)

– Et bien… Ma foi, heu… Hum! On peut sans doute supposer que la combinaison malencontreuse d’un certain nombre de facteurs contingents a vraisemblablement donné lieu à heu… disons…

– Avez-vous, au cours des derniers jours, entrepris des démarches précises dans le but d’obtenir un emploi, monsieur Bouffard?

C’était bien ce que je craignais… Je m’étais vaguement préparé, j’ai donc débité ma salade, oui oui, je me suis rendu ici, et là, et là aussi mais vous savez ce que c’est, les emplois sont rares, les candidats nombreux… mais je persévère, je ne perds pas espoir et ainsi de suite jusqu’à ce que GL me balance dans les pattes : « Avez-vous les noms et coordonnées exactes des personnes que vous avez rencontrées? » Et comme, bien évidemment, ma réponse se fit nettement vaseuse, GL largua mon cas les doigts dans le nez en m’avisant que je devrais dorénavant me présenter tout les quinze jours avec la liste complète des personnes rencontrées et au suivant! Quand il en a eu terminé, il m’est littéralement passé au travers pour aller chercher (j’imagine) le volumineux dossier d’un autre être ténu qu’il allait réduire encore un peu plus pour en augmenter d’autant l’aliment des classeurs.

En repassant dans la vaste salle d’attente, je restai accablé devant le spectacle de ces silhouettes avachies et spectrales, ces visages absents avalés par des soucis informes, ces masses inertes abandonnées par avance au sort que leur réservent des automates ventrus également soucieux et absents.

J’évitai l’ascenseur et la promiscuité pour m’échapper par l’escalier de service. Après avoir déboulé deux étages d’une seule traite, mon élan se trouva brisé par une porte grillagée soigneusement cadenassée. Apparemment, on n’avait pas retenu l’éventualité d’une indispensable évacuation d’urgence. Bon. Je me dirigeai vers la porte de palier et l’ouvris.

ILS étaient là. À nouveau…

ILS me lancèrent l’habituel regard implorant, une main tremblante (et ayant maintenant atteint un répugnant degré de décomposition) m’enjoignant de refermer immédiatement la porte.

Ce que je fis. Glacé de sueur.

Je remontai sans toucher les marches pour me retrouver haletant et moite devant l’ascenseur qui m’engloutit presque aussitôt. Une fois à l’intérieur, je retrouvai mon calme. Relativement. J’étais à nouveau entouré de la torpeur du quotidien incarné avec brio (et toute la sobriété que la chose implique) par la masse des anonymes dont les regards creux me rendaient à ma transparence, à mon néant.

(Car, transparent, je le suis vraiment. Je le suis devenu. Peu à peu.)

Une fois dehors, je suis envahi par le vacarme, la poussière et les mélanges gazeux suintant de la fébrilité citadine. À la chaleur déjà lourde de l’été s’ajoute celle plus oppressante et viciée des véhicules qui s’agitent de droite à gauche et de gauche à droite sans qu’on arrive jamais à saisir où ils peuvent bien tous aller comme ça, sans arrêt. Je marche un peu mais bientôt je suffoque. Après m’être acheté un journal (pour apaiser un puéril sentiment de culpabilité), je m’engouffre dans un café. Fraîcheur.

J’attends une éternité en épluchant les petites annonces avant qu’un serveur ne me remarque (après que je lui aie pratiquement arraché un bras). D’ailleurs, deux filles sont entrées entre-temps et l’une d’elle a bien failli s’asseoir sur moi. Ho! Pardon… Elle ne m’avait pas vu. En plus, l’endroit est, à cette heure, à peu près vide…

On ne croirait pas à quel point, pour peu qu’on s’y arrête, notre consistance tient à peu de chose. Il suffit que la peinture s’écaille à la surface du masque et avant que vous ayez réalisé ce qui se passe, le plâtre se fend et votre mascarade s’étend toute entière émiettée à vos pieds; vous voilà livré aux vents violents qui emportent bientôt le peu de substance qu’il vous reste. (Perdez seulement votre emploi et qui êtes-vous désormais? Anonyme parmi les anonymes, vos vêtements s’éliment, votre personnalité pâlit à la mesure de votre teint barbouillé de repousses rugueuses; une végétation sauvage envahit votre visage où la culture peu à peu s’efface.)

En regardant à travers une des fenêtres crasseuses qui donnent sur la rue, j’aperçois un robineux qui se parle à lui-même en tripotant une poubelle. Il me fait penser à la petite fille incroyable qui habite à trois portes de chez moi. Tous les matins je l’entends jacasser à tue-tête, toute seule, tout le temps toute seule d’ailleurs… Quand je la croise, j’essaie plutôt de l’ignorer, pas trop envie qu’elle me colle aux basques, m’élise comme public; quand même, elle a une de ces volubilités et t’invente des trucs, j’ai du mal à ne pas pouffer. Et puis, il y a autre chose.

La petite fille a de grands yeux dont l’éclat vous transperce. Elle est si frêle qu’elle semble tout juste assez forte pour porter sa lourde tête. L’incandescence du soleil éclate à la surface de sa chevelure embrasée. Elle est assise dans les marches, au bord du trottoir, et elle parle. Elle parle. On dirait qu’elle parle dans le vide. À rien. Mais elle parle vraiment à je ne sais pas trop qui ou quoi en fait…

– Tu sais là… Le messieu là… Ben, le messieu, hier, il m’a quasiment souri!

– Oui, je l’ai vu. Je crois qu’il m’a presque vue aussi…

Je me levai, me dirigeai vers les toilettes.

J’avais à peine ouvert la porte qu’aussitôt l’odeur de putréfaction m’envahit. Leurs visages étaient grouillants d’asticots désormais. J’ai refermé la porte d’un coup sec, le cœur dans la gorge.

Livide, je reste quelques minutes à la caisse, essayant d’attirer l’attention pour payer. Rien n’y fait. N’y tenant plus, je sors sans payer. J’évite de justesse le serveur me fonçant droit dessus. Sans me voir.

Mais qu’est-ce qui m’arrive?

Les gens sur le trottoir ne font pas le moindre mouvement pour m’éviter.

Évidemment, j’ai bien remarqué qu’à partir du moment où je me suis retrouvé sans emploi, livré à moi-même, déjà on ne m’accordait plus la même attention, à l’épicerie, à la banque, même ceux que je prenais pour des amis…

Je devenais gênant. De moins en moins d’argent pour sortir, d’abord, et puis ensuite, cette manie que j’avais d’introduire des interrogations embarrassantes dans la conversation. J’ai même cru que je représentais une sorte de menace. « Ébranleur de certitudes » je m’imaginais… mais non. J’étais plutôt un branleur embourbé d’incertitude. Pas d’anecdotes à raconter sur telle ou tel au bureau, je ne lisais pas les journaux ni seulement regardais la télévision, alors… De quoi donc aurait-on pu parler? Curieusement, on ne m’évitait pas. Non. On se contentait simplement de m’accorder de moins en moins d’attention, jusqu’à ce que ma présence devienne indiscernable de mon absence… Seulement moi (je n’y peux rien, c’est mon tempérament), je prends les choses aux sérieux. Au pied de la lettre même.

Mais là, je prends peur. Qu’on ait à peu près complètement cessé de me voir (de me percevoir même), ça, je peux toujours m’en arranger. De toute façon, ça risque d’être plutôt pratique, d’un certain point de vue. GL et ses semblables, par exemple, ne risquent plus de m’emmerder mais…

Mais EUX me voient toujours.

Je marche. Je pourfends les passants qui n’en ressentent plus guère qu’un vague courant d’air. Je marche. J’approche de chez moi. Et j’ai peur. J’ai peur de ce qui m’attend. Derrière la porte.

J’ai peur de grossir LEURS rangs. Pour toujours.

Ah mais quand même, tout près de chez moi pourtant, il y a encore quelqu’un qui me voit. Cette incroyable petite fille qui jacasse sans arrêt. En plus, on dirait bien qu’elle m’a dans sa mire. De jours en jours, elle me sourit davantage, me regarde droit dans les yeux avant de se tourner vers je ne sais pas qui ou quoi pour poursuivre son monologue. Je n’ai encore jamais rien vu de pareil.

– Regarde. Le messieu. Il s’en vient.

– Oui. Et cette fois, il te rendra ton sourire. Je crois même qu’il restera avec nous…

À vrai dire, au début seulement j’ai cru qu’elle parlait toute seule. Son sourire si franc, si direct, me gênait. Et comme à chaque fois la gêne me faisait détourner les yeux, j’ai peu à peu remarqué l’ombre tout près d’elle, longue et mince, chaque jour plus nette, plus précise…

En tournant le coin de la rue, je l’aperçois. Je les aperçois. La petite fille bloque ma route de son incontournable sourire. Tout à côté, il y a ELLE, qu’aussitôt je reconnais en dépit de sa diaphane silhouette éclaboussée de lumière. Je la vois toute entière à présent. Tandis que mon regard s’abandonne au sien, je sais que je n’ai plus rien à craindre d’EUX. Je sais que plus jamais je n’ouvrirai de porte. Plus jamais je ne m’enfuirai devant le spectacle des prisonniers d’eux-mêmes s’enivrant des vapeurs de leurs chairs putréfiées.

Je reste dehors. Et je n’y serai plus seul.

Dehors les miens m’attendent. Nous sommes innombrables…

samedi 17 août 2013

Déculturation poétique

« La poésie qui échappe à la culture, et dont les manifestations demeurent sauves, au sein de n’importe quelle absence de liberté, est une notion dont notre époque en pleine déroute spirituelle a depuis longtemps perdu la clef. Et il me paraît important de ne jamais parler de l’esprit que je considère comme absolument étranger aux systématisations de la culture, sans lui adjoindre cette notion de l’énergie poétique pure qui est devenue la flamme même de l’esprit. »

Antonin Artaud


vendredi 9 août 2013

Ma réponse au Dalaï-Lama (en guise de divertissement estival)

À une époque pas si lointaine, il était courant de recevoir par courriel des messages d’origines diverses qui avaient cette vertu prétendue qu’il suffisait de les faire parvenir dans un délai donné à un certain nombre d’amis pour, soit connaître le bonheur, soit éviter une malédiction ou une autre. Une connaissance – qui manifestement ne me connaissait pas tant que ça – eut donc l’idée saugrenue de me faire parvenir ce qui suit, accompagné des directives et mises en garde d’usage. Un message du Dalaï-Lama lui-même, était-il précisé. Téméraire en diable, je me contentai de lui retourner (et à l’ensemble des destinataires) une réponse toute personnelle destinée au légendaire bodhisattva, manière d’exégèse improvisée... Je précise que nul malheur ne m’accabla, quoi qu’on en dise, suite à ce sacrilège. Au contraire, c’est plutôt ce sporadique correspondant qui disparut comme par enchantement - oui, bon, l’incendie de mon appartement et la perte de mon emploi quelques jours plus tard n’ont strictement rien à y voir, pas plus que l’apparition soudaine de cette insoutenable brûlure accompagnant chaque visite à l’urinoir (là, je peux vous jurer que j’en connaissais très bien l’origine et croyez-moi, si elle avait présenté la moindre ressemblance avec le brave chef spirituel, si sympathique qu’il me fût, jamais j’aurais chopé un truc pareil!)… Voici donc, en primeur, cette modeste tentative herméneutique, à ce jour réservée à un public choisi par un étourdi dont c’est d’ailleurs le seul souvenir qu’il me reste – gloire lui en soit rendue!

INSTRUCTIONS POUR MENER VOTRE VIE

1. Tenez compte du fait que le grand amour et les grandes réussites impliquent de grands risques.

Mais n'oubliez tout de même pas que de grands risques n'impliquent ni amour ni réussite.

2. Lorsque vous perdez, ne perdez pas la leçon.

S'il se trouvait que vous la perdiez malgré tout, ne la cherchez pas en vain, c'est moi qui l'ai.

3. Suivez les trois R : Respect de soi-même; Respect des autres et Responsabilité de tous vos actes.

Et aussi le quatrième : Retournez vos bouteilles vides.

4. Souvenez-vous que ne pas obtenir ce que vous voulez est parfois un merveilleux coup de chance.

Ça c'est vrai, je peux en témoigner, même si c'est parfois douloureux : quand j'ai voulu rentrer dans la police, elle s'est tassée et... vous connaissez la suite.

5. Apprenez les règles pour savoir comment les transgresser correctement.

Par exemple : apprenez à interpréter le concerto pour clarinette de Mozart à la perfection et ne jouez systématiquement que « Marie avait un mouton » à la flûte à bec en omettant soigneusement le troisième « un mouton » à tous les coups.

6. Ne laissez pas une petite dispute meurtrir une grande amitié.

Mais ne vous privez pas non plus du bonheur d'une grandiose dispute pour une amitié à la noix.

7. Lorsque vous réalisez que vous avez commis une erreur, prenez immédiatement des mesures pour la corriger.

Spécialement si vous êtes tailleur ou arpenteur.

8. Passez un peu de temps seul chaque jour.

Autrement vous risquez des poursuites en justice pour « grossière indécence ».

9. Ouvrez vos bras au changement, mais ne laissez pas s'envoler vos valeurs.

Bref, ne tenez pas vos valeurs dans vos bras (surtout les titres, et par grand vent).

10. Rappelez-vous que le silence est parfois la meilleure des réponses.

No comment.

11. Vivez votre vie d'une façon bonne et honorable. Ainsi, lorsque vous vieillirez et que vous regarderez en arrière, vous en profiterez une deuxième fois.

Sinon, soyez une ordure faussement progressiste : ne regardez qu’en avant tout en profitant du fruit de votre malhonnêteté passée.

12. Un foyer aimant est la fondation de votre vie.

Un foyer d'accueil en est la destination.

13. Dans les désaccords que vous avez avec ceux que vous aimez, ne vous occupez que de la situation actuelle. Ne réveillez pas le passé.

Les historiens devront bien sûr éviter scrupuleusement de s'aimer entre eux.

14. Partagez votre savoir. C'est une manière d'atteindre l'immortalité.

Pour autant que ce savoir ne soit pas d'un mortel ennui.

15. Soyez tendre avec la Terre.

Ouais ben, on voit que c'est pas vous qui risquez de finir sous forte médication pour avoir fait des saloperies dans le jardin de la voisine.

16. Une fois par an, allez quelque part où vous n'êtes jamais allé auparavant.

Mais pas tous en même temps là quand même!

17. Souvenez-vous que la meilleure des relations est celle dans laquelle l'amour que chacun porte à l'autre dépasse le besoin que vous avez de l'autre.

Heu… attendez là, je suis un peu embrouillé. J’aurais besoin d’une autre à laquelle chacun devrait porter un amour qui dépasse mon besoin, c’est ça? Déjà, j’aimerais bien que chacun ait l’amabilité de foutre la paix à cette autre dont j’ai besoin. On va clairement l’exténuer si on s’y met tous. Chacun son tour, quoi, merde! 

18. Jugez vos succès d'après ce que vous avez dû sacrifier pour les obtenir.

Si j'ai sacrifié mes succès, je fais quoi?

19. Approchez l'amour et la cuisine avec un abandon insouciant.

Si vous voyiez le bordel dans ma cuisine, pour l'amour, vous y penseriez à deux fois...

Et mon bienveillant correspondant d’ajouter, pour conclure : Je sais aussi que les rêves se réalisent vraiment...

Ben oui, je le sais aussi : y suffit de rêver aux bons trucs. Tenez, je rêvais justement d’une panoplie complète de conseils bidon; et vous?



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(Avant que quelque ardent défenseur de l’harmonie universelle ne me jette l’anathème, je précise que je ne raille nullement le Dalaï-Lama lui-même, pas plus que son enseignement, mais simplement cette idée que la sagesse puisse se propager sous la forme d’une liste d’épicerie, douteusement traduite de surcroît…)

vendredi 2 août 2013

La première caractéristique des Grands Maîtres est que leur enseignement excède leur pensée

Je me souviens à ce propos d’un grand maître d’aïkido, laudateur méditerranéen de l’abyssale sagesse orientale. Il nous avait communiqué, lors d’un mémorable hiatus, tout le mépris qu’il vouait aux sourires en coin, ricanements et autres manifestations d’ironie, cette caricature d’humour pétrie d’ego, apanage des esprits encore inaptes à l’Éveil. Dans son dojo, seul le rire franc et ouvert était toléré! Déclaration que j’accueillis, candide adolescent que j’étais alors, sans réussir à réprimer un sourire aussi léger qu’inconvenant. C’est que, chacun ayant ses limites, le grand maître n’eut pas conscience que nul n’était besoin d’être passé maître soi-même en matière d’art dramatique pour réaliser ce que son propre rire « franc et ouvert » lui avait coûté d’efforts et de répétitions…