samedi 30 août 2014

Les gouffres humains

Il y a cette sorte de gens, vous savez : à leur contact, sans que vous puissiez dire au juste pourquoi, voilà que vos sentiments, vos idées, vos enthousiasmes s’enflamment et, brusquement, vous êtes là, exultant devant eux, à étaler ce qui s’agite au plus profond de vous, tremblant de vous livrer autant et aussi peu à la fois, parce qu’aussi maladroitement… Vous découvrez alors que l’insidieux malaise qui vous gagne vient de ce que votre candide dévoilement est aussitôt englouti par une sorte d’attention creuse et fuyante, incapable du moindre écho, sinon une triste pantomime du sentiment et de l’idée.

9 commentaires:

  1. Longer l'autre, c'est tout ce que l'on peut faire de mieux. On reste en dehors de chacun, séparés. La séparation ou le manque est le lieu le plus certain de la rencontre. C'est ce que j'en conclu aujourd'hui. Demain, on verra bien.

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    1. "La séparation ou le manque est le lieu le plus certain de la rencontre."
      Voilà un de ces beaux paradoxes, comme je les aime!:)

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  2. Il y a aussi cette autre sorte, plus rare, mais pourtant là... Non, il n'y a pas que la séparation ou le manque pour se rencontrer, il y a aussi la filiation, l'entente, le parler vrai. Je crois en l'humain, c'est pas un scoop ! Je crois possible d'être entendu, d'être compris ! Mais je reconnais que ça implique beaucoup et que ça n'est pas acquis. Il faut vouloir vraiment et faire en sorte pour que les choses changent, il faut les vouloir et oeuvrer beaucoup plus encore quand non parle des individus. Gouffres et sources, montagnes et vallées. Nous pouvons nous étonner !

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    1. ah mais oui, si elles sont plus rares en effet, d'heureuses communions se produisent aussi!

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    2. Le manque n'est pas négatif de mon point de vue, il est tout. Il est de ce que nous sommes fait. Quand je dit que c'est un lieu certain c'est que nous en somme tous issue et que nous le transmutons si nous acceptons de la faire apparaître. Sans le manque, il n'y aurait pas de désir de rencontre. C'est ce qui nous fait aller vers l'autre sinon, on resterait tous chacun chez soi. Si on était pleinement satisfait de quoi aurions nous besoins au juste? C'est la séparation qui nous fait sortir dehors, un dehors vers l'autre. C'est en cela que la biologie est magnifiquement conçue.

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    3. oui, et c’est bien ce qui m’a plu dans la formulation paradoxale que tu as employée : j’ai réalisé que c’était notre isolement "constitutif", précisément en ce qu’il a d’indépassable, qui nous poussait le plus sûrement à la rencontre de l’autre; rencontre qui peut avorter, être décevante, incomplète, mais aussi riche, féconde, on peut même par moment la sentir totale, elle n’en restera pas moins fugace, à recréer constamment... ce qui la rend d’autant plus précieuse.

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    4. Voilà. Sortir du noir et blanc pour accueillir ce qui est sans jugement. On nous a tellement marteler ce qui était mal et ce qui était bien, nous imposant une boîte définie quand la vie, elle n'a ni porte, ni mur, ni couleur précise. Toute ma vie j'ai maudit le manque sans savoir que sans lui, je serais morte. On débute avec le manque du lait maternelle, on a soif, on boit, sinon on meurt... après toute notre vie, on va vers l'autre par désir de colmater la brèche et c'est dans cela que l'on se rencontre profondément, dans cette soif de se nourrir à nouveau. Que l'on parle vrai ou non, qu'il y a entente ou non, ça c'est les adjectifs de la rencontre.

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  3. Qui n ' a pas connu ces déceptions douloureuses ?
    Pourtant est-ce si difficile à trouver ces rencontres ?
    Vinicius de Moraes , chanteur-poète-diplomate brésilien ne disait-il pas que la vie est l ' art des rencontres malgré qu ' il y ait tant de dés-encontres ?
    Que l ' on accepte le respect et l ' enrichissement mutuel , qu ' on accepte aussi que l ' un(e) et l ' autre doive se faire respecter , respectueusement , car on ne comprend pas toujours -
    Qu ' on comprenne qu ' il n ' y a pas beaucoup de personnes avec qui nous puissions faire celà , mais qu ' il y en a - Alors nous avons toutes les possibilités de faire ces rencontres où nous avons toute la liberté et la paix individuelles qui nous sont indispensables , et l ' enrichissement et la paix mutuels qui nous sont tout autant indispensables -

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    1. ton propos rejoint tout à fait celui de Blue, Barthelemy et, en effet, les déceptions ne doivent pas assombrir notre regard et nous masquer l’horizon, mais plutôt nous indiquer qu'on ne cherche pas au bon endroit (ou même inutilement)!

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